…dans les paroisses, les mouvements, les associations
« Sachez que si je vous ai exprimé ma blessure, ce n’est que pour faire la vérité et me libérer avec la grâce de Dieu de ces chaînes qui m’enchaînent si bien. C’est aussi pour nourrir la réflexion de l’Église sur ces questions. »
Une personne victime, De Victimes à témoins, p. 20
« J’ai simplement envie de dire à l’Église que les victimes ne sont pas une menace mais sans associer ces dernières dans leur démarche, il sera difficile de faire avancer le problème de la pédophilie en son sein. Elles sont, je pense, une partie de la solution. »
Une personne victime, De Victimes à témoins, p. 76
Ces deux témoignages, extraits du livre « De victimes à témoins » réalisé par la CIASE pour transmettre les récits de victimes de violences sexuelles au sein de l’Église, nous obligent – pour utiliser une expression à laquelle recourt souvent Jean-Marc Sauvé, président de la CIASE.
Ils sont un guide pour des actions possibles dans les paroisses, mouvements et associations.
Le dévoilement de l’enquête de la CIASE a bouleversé toute l’Église. C’est peut-être avec les victimes que tous, fidèles main dans la main, nous pouvons regarder avec espérance l’avenir. Puisque la parole libère, continuons de la vivre.
Organiser une soirée, un temps d’échange sous quelque forme que ce soit, autour du sujet des abus spirituels et de la violence sexuelle dans l’Église peut faire peur. Nous souhaitons dans cette partie du site vous donner les outils dont nous disposons pour vous qui voudrez vous lancer.
Joindre les victimes
N’ayez pas peur
Lors d’une rencontre sur la crise de l’Église, une paroissienne a demandé à un responsable ecclésial présent pourquoi des temps d’échange avec des paroissiens et des victimes n’étaient pas proposés largement dans l’Église. Celui-ci a répondu que beaucoup de fidèles avaient peur de rencontrer des victimes.
Celles-ci disent aujourd’hui qu’elles sont disponibles, qu’elles souhaitent rencontrer leurs frères et sœurs en Christ pour avancer ensemble. N’ayez pas peur de cette rencontre, de ce partage de paroles.
Recueil De victimes à témoins sur le site de la CIASE
Auditions de personnes victimes sur le site de la CIASE
Comment joindre des personnes victimes pour les inviter
Depuis presque trois ans, plusieurs collectifs de victimes issues de l’Eglise se sont constitués en France. Ces associations travaillent depuis 2018 avec les évêques de France (CEF), les supérieurs majeurs de congrégations religieuses (CORREF), et depuis 2019 avec la CIASE.
Elles sont une première ressource pour joindre des victimes et leur proposer de venir :
- Collectif Aumônerie du lycée d’ Enghien : paulet.mireille33[at]gmail.com
- Association Comme une Mère aimante : commeunemereaimante[at]gmail.com
- Association Parler et Revivre : ecoute[at]parler-et-revivre.fr
- Collectif Foi et Résilience
- Association Sentinelle : contact[at]sentinelle-asso.org
- Libère ta Parole, groupement des victime du diocèse de Nice : sebastienliautaud[at]laposte.net
- Collectif 85 : contact[at]collectif85.fr
- François Devaux, ancien co-fondateur de l’association La Parole Libérée : devauxfrancois69[at]gmail.com
- Yolande du Fayet de la Tour, psychothérapeute : yolandedfdlt[at]gmail.com
- Jean-Luc Souveton, prêtre : jlsouveton[at]orange.fr
En trente ans, le réseau d’associations de soutiens aux victimes France victimes s’est étoffé et couvre aujourd’hui tous les territoires de France et d’Outre-mer. Sur leur site internet, vous pourrez trouver les associations de victimes de violences sexuelles la plus proche de chez vous : ces professionnels de la sensibilisation pourront vous accompagner dans votre démarche.
De quoi parler ?
À partir de la rencontre avec des victimes de violences sexuelles dans l’Église, il est possible d’aborder plusieurs thèmes différents d’égale importance aujourd’hui dans la crise que vit l’Église. En voici quelques-uns (liste non-exhaustive) : la lutte contre la pédocriminalité, la lutte contre les abus de pouvoir et d’autorité, la question du cléricalisme, la culture du silence, la trahison de la parole, la crise de confiance…
En mettant la parole des victimes au cœur de leur travail, la CIASE les a positionnées comme « expertes » à partir de leur « savoir » spécifique. La CIASE, avec elles, a alors pu aborder un prisme très large de « chantiers » à lancer dans l’Église. Elle nous invite aujourd’hui à faire de même, sans oublier justement les victimes. D’où notre invitation à commencer par les joindre, pour ensuite, avec elles, en dialogue, construire votre événement.
Trouver les autres experts à solliciter
Ces vingt dernières années, de nombreux ouvrages sont sortis autour de la crise des abus dans l’Église, et de toutes ses ramifications. Beaucoup de spécialistes s’engagent depuis des années, à participer à des rencontres pour faire connaître leur expérience et leur connaissance. Certains peuvent être joints grâce à leurs coordonnées en ligne, notamment ceux qui travaillent dans des centres de recherche universitaires ; d’autres peuvent être contactés via leur éditeur (tous les éditeurs ont une page « médias » ou « presse » qui peut être la voie par laquelle vous pouvez demander à l’éditeur de transmettre votre message à un auteur).
La plateforme Jonas rassemble de très nombreuses ressources, notamment vidéos et autres, qui peuvent être autant de supports à des rencontres :
http://plateformejonas.fr/
Inclure un responsable en Église
Les prêtres et évêques ne sont parfois pas à l’aise avec l’idée d’organiser eux-mêmes ce genre de temps d’échange. Mais le dialogue dans sa diversité peut être enrichi avec la présence d’une personne en responsabilité dans l’Église. Non pas dans l’idée de l’assaillir de questions quant à sa responsabilité propre dans des affaires ou situations locales, mais au moins pour qu’elle entende la richesse des échanges.
Prêtres, diacres, tous responsables diocésains autour de votre localité peuvent aussi apporter un regard enrichissant en retraçant le travail, le cheminement fait ces dernières années autour de la crise de l’Église.
Les communautés religieuses ne sont pas à oublier : elles ont toutes, elles aussi, commencé une réflexion nationale autour de leurs pratiques et notamment sur les questions d’abus spirituels, l’une des « racines du mal » de la crise des violences sexuelles de l’Église selon les analyses de la CIASE.
Choisir un animateur
Les journalistes des médias locaux peuvent être des interlocuteurs intéressants pour animer les échanges, s’ils sont sollicités au moment de la construction de l’événement afin d’en comprendre la démarche.
De nombreux journalistes des médias chrétiens (quotidiens, hebdomadaires, revues, radios, télévisions) peuvent aussi être sollicités. Leurs adresses mails sont toujours présentes dans leur parution papier, ils ont très souvent une page Facebook ou Twitter pour les joindre, sinon leurs adresses mails sont toujours sous un modèle unique dans chaque média. Exemple : prenom.nom@rcf.fr, prenom.nom@bayard-presse.com, p.nom@lavie.fr.
Des diacres, des personnes en responsabilité dans le diocèse en tant qu’animateur de formations par exemple, peuvent aussi être de bonnes personnes ressources.
Même si toute personne de la paroisse ou du mouvement peut le faire, il peut être utile d’avoir recours à une personne « extérieure » afin que tous, dans votre groupe, puissent être participants et partager son regard propre sans avoir la pression de devoir animer l’événement. Cette personne est aussi utile pour contribuer, dès la structuration de votre événement, à ne pas être dans un « entre-soi » qui entraîne souvent un regard biaisé (et qui est, en lui-même, un des facteurs de la crise actuelle).
Faire connaître l’événement
N’hésitez pas à communiquer largement auprès des membres de votre paroisse/mouvement sans oublier que la crise actuelle a peut-être amené certains à s’éloigner. Essayez de les rejoindre à travers une notification dans les médias locaux, sur les pages Facebook de votre commune, via des affiches dans la localité, peut être un signe d’espérance qui leur donnera l’occasion de venir échanger avec vous.
Faire un geste spirituel
Beaucoup de victimes seront heureuses de pouvoir vivre un geste spirituel en Église, en se sentant inclues à nouveau dans la « communauté des croyants ». Cette question n’est donc pas à évacuer !
Elle nécessite de partir de l’échange avec les personnes victimes. En effet, beaucoup ont témoigné que le moindre geste, réciter une prière, accomplir un geste liturgique, peut être une source de souffrance.
Toutes celles qui ont participé à des temps spirituels en Église autour des abus s’accordent sur un mot d’ordre : co-construire le moment entre la communauté des fidèles et elles. Petite attention à avoir : il est indispensable que ce soit bien une équipe comprenant des baptisés de tout type car être seule en face à face avec un prêtre peut être difficile pour certaines victimes. D’où l’importance que cela se fasse avec le prêtre ou le diacre, mais aussi des laïcs engagés.
Lecture d’un texte d’évangile suivi d’un échange, célébration, messe, chemin de croix, lectio divina… toutes les formes habituelles de prière sont possibles et peuvent s’adapter ensemble.
D’autres pays ont été touchés par la crise des abus avant la France : des ressources belges, suisses, allemandes, américaines, australiennes, anglaises existent. Elles peuvent se trouver en ligne. (Nous prévoyons de les rajouter dès que possible mais souvent une recherche google peut les faire émerger).
Des livres pour aider à l’organisation de la rencontre
Abus sexuels dans l’Église : et si on se parlait ?
Sophie Lebrun, Mediaspaul
Les questions de la journaliste animant un dialogue entre des victimes membres de l’Église (un prêtre, une vierge consacrée et un laïc engagé), un psychiatre, une sociologue et un évêque peuvent être reprises si elles sont pertinentes à votre événement.
L’Église déchirée
Ouvrage collectif sous la direction de Stéphane Joulain, Bayard
Cet ouvrage rassemble trente spécialistes, dont des victimes, pour examiner les ressorts des violences sexuelles dans l’Église. Il peut fournir des idées de thèmes et de questionnements.
Risques et dérives de la vie religieuse
Dysmas de Lassus, Ed. du Cerf
Le prieur de la Grande Chartreuse s’est penché sur les différentes situations d’abus rencontrées dans l’Eglise, tente de comprendre les mécanismes qui peuvent y conduire et propose des pistes de réflexion pour y remédier.
Comment tuer Jésus ? Abus, violences et emprises dans la Bible
Philippe Lefebvre, Ed. du Cerf
Accompagnant des victimes d’abus depuis de nombreuses années, Philippe Lefebvre relit des témoignages recueillis à la lumière des Écritures et nous montre comment elles peuvent nous accompagner sur ce chemin d’écoute des victimes et de changements dans l’Église.
Une autre Eglise est possible ! : 20 propositions pour sortir de la crise catholique
Laurent Grzybowski et Anne Guillard, Temps présent
Un journaliste et une universitaire catholiques suggèrent des réformes pour un catholicisme moins dogmatique et plus incarné. Au fil de vingt propositions, des pistes concrètes sont avancées et peuvent être l’objet d’échanges.
Un moment de vérité
Véronique Margron, Albin Michel
Véronique Margron a été amenée depuis des décennies à recevoir et écouter des victimes d’abus de toutes sortes, et cette expérience donne à son propos une densité humaine unique. Elle propose 12 chantiers qui sont autant de thèmes possibles à développer lors d’une rencontre.
Prière de ne pas abuser
Patrick Goujon, Seuil
Ce livre est avant tout un témoignage. Patrick Goujon, prêtre jésuite, a découvert récemment qu’il avait été victime dans son enfance, après des années de déni et d’amnésie. C’est le récit de cette prise de conscience progressive et des questions qu’elle apporte qu’il livre ici. Comment interroger sa vocation et vivre sa relation à Dieu après pareille révélation ?