Une revue de presse de la mobilisation est disponible.
Un an après la remise du rapport de la CIASE, nous avons découvert via l’affaire Santier qu’au-delà des efforts louables de la CEF, aucune leçon concrète n’avait été tirée par les évêques, notamment en matière de transparence dans la gestion des clercs mis en cause ou condamnés.
Quelques jours avant une nouvelle session plénière des évêques à Lourdes, nous demandons de la part de chaque évêque et de chaque supérieur de congrégation de France des engagements concrets :
- tout signalement remonté à l’évêché sera transmis sans délai au procureur de la République ;
- toute ouverture d’enquête ou ancienne condamnation sera annoncée au conseil paroissial du clerc mis en cause, de même qu’à celui de toutes ses anciennes et futures affectations ;
- tout clerc condamné pour abus sexuel sera suspendu de tout ministère ;
- tout évêque qui manquera à ces obligations présentera immédiatement sa démission au Pape.
Pour que ces engagements soient pris, nous avons besoin de vous : vous trouverez ci-dessous trois propositions d’action que vous pouvez vous approprier comme vous le souhaitez.
Le hashtag #SortonsLesPoubelles fait référence à un tweet de l’ancien archevêque de Paris, Monseigneur Aupetit, reprochant à certains d’aimer fouiller les poubelles. Nous répondons que nous souhaitons plutôt les sortir pour qu’elles cessent d’empoisonner notre mère l’Église.
Se manifester
Plusieurs rassemblements sont organisés ce WE en France :
Paris
Angers
Dimanche 30 octobre, 15h00, devant l’évêché
10 Rue du Parvis Saint-Maurice, 49100 Angers
Autun
Créteil
Dimanche 30 octobre, 15h00, devant la cathédrale
2 rue André Maurois, 94000 Créteil
Lyon
Nanterre
Autres diocèses
Les fidèles des diocèses où ne sont pas prévues de manifestations formelles sont invités à se rassembler devant l’évêché de leur diocèse dimanche 30 octobre à 15h.
S’exprimer sur les réseaux
Prenez une photo devant votre évêché ou votre cathédrale (voire votre église paroissiale si vous ne pouvez pas vous déplacer) avec une pancarte présentant un message à votre évêque demandant des décisions concrètes et publiez-la sur les réseaux sociaux avec les hashtags #SortonsLesPoubelles et #APLourdes en mentionnant le compte d’Agir pour notre Église :
- Sur Facebook : @AgirPourNotreEglise
- Sur Twitter : @AgirNotreEglise
- Sur Instagram : @agirpournotreeglise
Vous pouvez également nous envoyer votre photo à l’adresse suivante :
Visuels
Écrire à son évêque
Nous vous mettons à disposition une proposition de lettre à écrire à l’évêque de votre diocèse, par courrier ou par courriel. Ce modèle vous est proposé comme une aide, n’hésitez pas à le personnaliser et à l’amender.
Vous trouverez les coordonnées de votre diocèse sur le site de la conférence des évêques.
Lettre type
Monseigneur,
Simple paroissien de votre diocèse, je me permets de vous écrire en amont de l’assemblée des évêques qui se tiendra à Lourdes début novembre.
Les révélations par la presse des actes commis par Monseigneur Santier m’ont replongé dans une tristesse et une colère profondes. Les actes commis sont évidemment terrifiants : l’instrumentalisation d’un sacrement à des fins sexuelles, en utilisant la proximité même du tabernacle pour répondre à ses pulsions, profanant ainsi à la fois le sacrement lui-même, et le lieu de la présence réelle du Seigneur.
Mais, au-delà de ces faits, je suis encore davantage choqué par ce que ces révélations tardives et indirectes montrent d’incompréhension et d’absence de considération des victimes, et de maintien de pratiques dont vous juriez vos grands dieux qu’elles ne seraient plus recouvertes de silence et de dissimulation. Je vous dis mon effarement et mon absolue tristesse de vous avoir vus, évêques, genoux à terre il y a un an face à la basilique de Lourdes pour promettre la transparence et la lutte contre toutes les formes d’abus dans l’Église, et d’apprendre un an plus tard qu’alors même que ces paroles étaient prononcées, l’un des vôtres était écarté pour des faits du même ordre mais caché sous de faux prétextes de santé ou de convenance personnelle.
Le rapport de la CIASE avait déjà été un choc pour moi par l’ampleur des crimes révélés et par la maladresse des réactions engendrées ; mais le choc est encore plus grand, pour ce qui me concerne, en ces jours où le mensonge est à nouveau manifesté. Vous ne pouvez proclamer un Évangile de paix, d’écoute des plus petits, d’assistance au frère blessé, de cheminement en vérité avec le Seigneur, et dans le même mouvement continuer de dissimuler, minimiser, travestir les faits. Cet épisode minable montre la persistance tenace d’un modèle ecclésial dans lequel on oppose les sachants aux suiveurs, les purs aux impurs, les gouvernants aux gouvernés, les majeurs aux mineurs dans la foi.
Prêtre, roi et prophète par mon baptême, je réclame de mon Église du respect et de la considération pour l’ensemble du peuple de Dieu. Vous êtes des pasteurs, mais nous ne sommes pas des moutons. Nommez les fautes, nommez les joies, nous avancerons ensemble et nous grandirons en pleine conscience de nos forces et de nos faiblesses.
Le programme de votre prochaine assemblée à Lourdes indique une quasi-totalité des échanges à huis clos. Vous comprendrez que ce recours au silence et à l’absence de transparence dissone particulièrement en ces temps où c’est précisément l’inverse qui serait attendu. Si cela peut permettre un échange sans filtre et débouchant sur de vraies conversions dans les actes et les cœurs, ce huis clos ne sera peut-être pas vain. Monseigneur, je fais appel à vous : que les murs tremblent ! Que la colère et les larmes fassent jaillir de vraies avancées ! L’un d’entre vous a eu la bêtise de parler de « mauvaise odeur de poubelles » pour qualifier ces affaires effectivement putrides, mais c’est précisément là que le Christ se trouve, avec les victimes, et il y pleure avec nous et pour nous : si vous vous en détournez, c’est au Christ que vous tournez le dos. Ouvrez les fenêtres, acceptez qu’on vous aide à faire le ménage : laïcs, religieux, prêtres, évêques, nous sommes toutes et tous en responsabilité pour enfin sortir les poubelles et assainir notre maison commune.
Je prie pour que votre assemblée soit féconde, qu’elle vous secoue individuellement et collectivement, qu’elle soit le lieu de décision de pratiques courageuses de vérité et de transparence plutôt que de dissimulation et de minimisation : le scandale qui tue l’Église n’est pas seulement l’abus lui-même mais le silence de l’entre-soi et l’omerta qui le rendent possible.
Comme membre du peuple de Dieu, je vous demande de prendre les engagements suivants afin de restaurer enfin la confiance trahie :
- tout signalement remonté à l’évêché sera transmis sans délai au procureur de la République ;
- toute ouverture d’enquête ou ancienne condamnation sera annoncée au conseil paroissial du clerc mis en cause, de même qu’à celui de toutes ses anciennes et futures affectations ;
- tout clerc condamné pour abus sexuel sera suspendu de tout ministère ;
- tout évêque qui manquera à ces obligations présentera immédiatement sa démission au Pape.
Montrez que l’Évangile n’est pas qu’un joli conte pour naïfs désœuvrés du dimanche matin, mais que l’Église vit en cohérence avec ce qu’elle prêche, se sachant pécheresse comme le publicain, et non parfaite comme le pharisien. Montrez que la Vérité rend libre. Sans cela, le prochain scandale sera celui de la défiance définitive, car, comme le dit le Pape François, non seulement nous serons devenus moins nombreux, mais nous serons devenus insignifiants. C’est déjà très largement le cas.
Respectueusement malgré tout,