Catégories
Aller plus loin

Le rapport de la Ciase et l’esprit critique

Parmi les recommandations légitimes de la Ciase pour lutter contre la pédocriminalité dans l’Église, certaines sont parfois teintées d’anachronisme, juge notre chroniqueur Henri Quantin.

« Dans toutes les formes de catéchèse, enseigner aux fidèles, et, en particulier, aux plus jeunes et aux adolescents, l’exercice de la conscience critique en toutes circonstances », recommande la Ciase. Tentons de prouver que nous avons été bien formés et prenons-la au mot. En laïc invité à s’exprimer plus souvent, soumettons son rapport lui-même à l’esprit critique demandé. Peut-être est-ce même la meilleure façon de le prendre au sérieux et de lui donner toute l’attention qu’il mérite. Disputer en vérité vaut mieux que faire profil bas par calcul ou par soumission.

Catégories
Aller plus loin

Véronique Margron : « Sauver une vie l’emporte sur tout secret »

La théologienne et présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France s’élève, dans une tribune au « Monde », contre l’usage du secret après la publication du rapport de la commission sur les abus sexuels dans l’Eglise.

Le rapport Sauvé, celui de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase), rendu public le 5 octobre, donne à voir – de nos yeux brouillés de chagrin et d’effroi – le scandale de l’usage du secret.

Un secret funeste, coupable, complice, qui a entouré tant et tant de crimes commis. Les rendant plus cruels encore. Il a enchaîné la victime, permettant à l’auteur de réitérer ses actes ignominieux, ici et ailleurs, avec le même enfant ou adulte rendu vulnérable, ou – et – avec d’autres. Faut-il rappeler ce que disait dans un tout autre contexte, le père Féret, dominicain, après sa condamnation en 1954 par le Saint-Office, pour avoir été, avec trois autres théologiens, les pères Chenu, Congar et Boisselot, en faveur des prêtres ouvriers : « Le secret englobe toutes les conduites, le secret est la pierre d’angle du système. »

Catégories
Aller plus loin

Une femme victime d’abus sexuels adresse une supplication aux prêtres

François a reçu le témoignage courageux d’une survivante et a souhaité que le cardinal O’Malley, président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, le partage avec tous les prêtres et séminaristes. Dans les pages de la lettre, cette femme exprime sa douleur de ne plus pouvoir se sentir en sécurité dans l’Église, et supplie les séminaristes de devenir de « bons prêtres ».

Le nom n’apparaît pas, ni l’origine. Ce qui apparaît, en revanche, et qui est douloureusement clair, c’est la blessure profonde que les abus subis par un prêtre ont creusée dans l’âme de cette femme qui, même des années plus tard, a du mal à s’orienter vers un chemin de guérison, à tel point qu’elle a toujours peur de voir un prêtre et ne peut même pas aller à la messe.

Cette lettre partagée par la Commission pontificale pour la protection des mineurs est déchirante mais, en même temps, courageuse. Le Pape François a pu la consulter et lire de ses propres yeux ces pages imprégnées d’amertume et de souffrance. Il a également souhaité que tous les prêtres puissent le lire, comme un avertissement d’une horreur que l’Église s’efforce de contrer. Il a ensuite autorisé le président de la Commission, le cardinal Sean O’Malley, à rendre ce témoignage public.

Catégories
Aller plus loin

Témoigner, c’est à la fois dire aux autres et se dire à soi-même

Geneviève Jurgensen nous parle de la force des témoignages des victimes d’abus sexuels ou de terrorisme. Quelle écoute avons-nous ?

C’est ce qu’on appelle classiquement un hasard du calendrier, même si en l’occurrence la formule est déplacée, désinvolte. Les récits des victimes de terrorisme et ceux des victimes de crimes sexuels commis au sein de l’Église nous parviennent en même temps, les uns par la voie des comptes rendus qu’en font les médias depuis le palais de justice où se tient le procès des attentats de Paris, les autres par celle du rapport Sauvé, rendu public il y a deux semaines et accessible à tous. Ceux qui témoignent ont pris sur eux. Ils ont hésité à le faire, évaluant à tâtons ce qui serait le plus utile, pour eux-mêmes et pour tous, sans fragiliser l’équilibre, précaire mais le meilleur possible, qui leur a permis jusque-là de continuer de vivre.

Source Wikipédia
Catégories
Aller plus loin

Sortir du passé

La Commission Sauvé a rendu public son rapport, qui claque comme un verdict. La structure hiérarchisée de l’Église catholique fonctionne (encore aujourd’hui) comme un système abusif. Les agents pastoraux, et d’abord les prêtres en nombre, ont gravement défailli. Les victimes se comptent en France, sur 70 ans, par centaines de milliers. Le silence s’est étendu comme un linceul sur de jeunes vies irrémédiablement broyées. Où était Dieu dans ces horreurs, sinon du côté des victimes humiliées, demande M. Sauvé – reprenant la question des prisonniers d’Auschwitz rassemblés pour la pendaison d’un enfant juif que la torture n’avait pu faire trahir son Oberkapo hollandais. Il faut décidément sortir du passé, pour que soit possible, Dieu aidant, un autre avenir.

Prenant acte du fait que bien des abus ont eu la confession pour cadre et l’Eucharistie pour horizon, on pourrait en tirer quelques conséquences au niveau sacramentel.

Augustins -Ecce homo – Wenzel Coebergher (source Wikipedia)
Catégories
Aller plus loin

Anne-Marie Pelletier : « Il faut concevoir le catholicisme autrement »

L’onde de choc du rapport Sauvé, révélé le 5 octobre 2021, se mesure aux réactions et aux réflexions qu’il suscite, précédant le temps de l’action. Analyse avec la théologienne Anne-Marie Pelletier.

Catégories
Aller plus loin

« Il faut que le droit canonique soit mieux connu de tous »

Le rapport de la Ciase suggère une modification du droit canonique pour réagir aux abus sur mineurs. Paul Lignières, avocat et vice-recteur de l’Institut Catholique de Paris, rappelle la nécessité de mieux faire connaître le droit canonique au sein de l’Église.

En 2011, Jean-Marc Sauvé, alors vice-président du Conseil d’État, remettait un rapport au président Sarkozy en réponse à des affaires nées de conflits d’intérêts dans la vie publique. Cinq ans après, ce rapport avait débouché sur la mise en œuvre de certaines de ses recommandations par l’adoption de la loi dite Sapin 2 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique.

Dix ans plus tard, en réponse à la demande de l’Église de France, la démarche mise en œuvre par Jean-Marc Sauvé présente des similarités en termes de méthode notamment parce qu’il suggère des modifications du droit canonique, tout en passant le relais à d’autres pour les mettre en œuvre.

Catégories
Aller plus loin

[Vidéo] Homélie du 10 octobre 2021

Cette homélie du curé de la paroisse Saint-Cécile de Boulogne-Billancourt le dimanche suivant la parution du rapport illustre à la fois la gravité de la crise que traverse l’Église et l’importance pour tous les baptisés d’agir pour que les réformes nécessaires soient entreprises.

Catégories
Aller plus loin

« Le prêtre n’est pas le centre du monde ! »

Alors que le rapport Sauvé sur les violences sexuelles dans l’Église questionne « la représentation du prêtre » et le risque de lui conférer « une position de domination », le père Jean-Eudes Fresneau, curé de Sarzeau (Morbihan), explique que tout chrétien, et pas seulement le prêtre, représente le Christ à sa manière du fait de son baptême.

Catégories
Aller plus loin

« J’avais 5 ans et tu en avais 50. Tu as volé ma vie » : les mots des victimes de pédocriminalité dans l’Eglise

La commission Sauvé, qui a rendu mardi 5 octobre un rapport accablant pour l’institution catholique, a aussi publié un recueil d’extraits de témoignages de victimes.

« Sans leur parole, notre société serait encore dans l’ignorance ou le déni. » Lors de la remise, mardi 5 octobre, du rapport plus qu’accablant de la Commission indépendante sur les Abus sexuels dans l’Eglise (Ciase), son président Jean-Marc Sauvé a insisté sur l’écoute des victimes, « matrice » de son travail. Une écoute indispensable, dont l’Eglise, depuis soixante-dix ans, n’a globalement pas su faire preuve.