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L’assemblée des évêques à Lourdes, un enjeu de « crédibilité » pour l’Église

Dénonçant le « mépris » et « un manque de représentativité des victimes invitées », le Père Jean-Luc Souveton a prononcé ce mardi 2 novembre des mots forts, graves, durs, devant les évêques de France réunis à Lourdes. Pour lui, c’est « un moment de bascule » qui se joue actuellement, avec une question de « crédibilité » pour l’Église vis-à-vis des victimes. « Soit ça se passe et un chemin est possible avec elles, soit ça ne se passe pas et ça va être difficile. »

Devant les évêques, le Père Jean-Luc Souveton dénonce « une sensation de mépris » 

Figure de la lutte contre les abus sexuels dans l’Église, le père Jean-Luc Souveton a révélé en 2018 les abus dont il a été victime à l’âge de 15 ans, de la part d’un prêtre. Il pointait déjà du doigt les défaillances de l’institution et clamait dans les médias sa soif de justice. Ce mardi 2 novembre à Lourdes, il a prononcé des mots forts, souvent amers, sur un ton solennel.

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Rapport Sauvé : l’idéalisation du prêtre accroît le risque d’abus

Dans son rapport remis mardi 5 octobre, la commission Sauvé souligne qu’une tendance à trop idéaliser les prêtres a pu favoriser les abus commis par certains d’entre eux. Sur le plan théologique, des réflexions sont engagées pour éviter ce dévoiement de la vision de la prêtrise.

C’est un point particulièrement délicat du rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase). Le statut sacerdotal de certains pédocriminels dans l’Église – environ 3 % des prêtres, selon la Ciase – a-t-il favorisé la commission de leurs abus ? « Dans les témoignages de personnes victimes revient de façon quasi systématique le fait que le clerc agresseur disposait d’une position telle que ses actes étaient insusceptibles d’être empêchés, contestés, voire reconnus », peut-on lire dans le long rapport de la commission présidée par Jean-Marc Sauvé.

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« La pédocriminalité du clergé n’est pas spécifiquement homosexuelle »

Le débat sur les violences sexuelles dans l’Église a été relancé par la présentation du rapport Sauvé. Publiée par « La Croix », une tribune de Guillaume Cuchet esquissant un lien entre homosexualité et pédophilie a fait vivement réagir. Pour l’universitaire Véronique Beaulande-Baraud, son propos est confus et omet les travaux scientifiques sur le sujet.

Le rapport de la Ciase a été rendu public il y a maintenant quatre semaines. Parmi les commentaires qu’il a suscités, l’un des derniers en date a été publié sur le site de La Croix jeudi 28 octobre sous le titre « Il y a bien une corrélation entre homosexualité et pédophilie dans l’Église » et sous la plume de l’historien Guillaume Cuchet.

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Ce qu’attendent les fidèles laïcs de l’assemblée des évêques à Lourdes

Après le rapport Sauvé, les catholiques français attendent une action résolue des évêques pour s’engager avec eux dans une authentique démarche de conversion et de réforme. Louis Manaranche, co-responsable de l’Observatoire de la modernité du Collège des Bernardins, avertit que le chemin sera long, et que la toute première urgence est au discernement.

La conférence épiscopale va se réunir en assemblée plénière à Lourdes. Cet événement régulier prend cet automne une tonalité toute particulière. Bien évidemment, le rapport Sauvé et la lumière crue qu’il jette sur le désastre humain et ecclésial de la pédocriminalité dans l’Église seront dans tous les esprits. Cela ne saurait suffire. Voilà maintenant plusieurs semaines que l’immense cortège des victimes mais aussi les terrifiants décomptes des criminels et de leurs complices nous hantent. Il ne semble pas que l’heure soit, comme si Lourdes était le lieu d’une catharsis, à une nouvelle expression de l’émotion mais bien à une action résolue, vitale pour l’Église de France. 

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Jean-Luc Souveton : Pourquoi je viens à l’assemblée plénière des évêques

Prêtre du diocèse de Saint-Étienne, Jean-Luc Souveton, victime d’abus et de violences sexuelles de la part d’un prêtre quand il avait quinze ans, participe à l’assemblée plénière des évêques qui s’ouvre à Lourdes ce 2 novembre. Il témoigne pour La Vie.

« Je viens à l’assemblée plénière, même si visiblement nous serons très peu nombreux comme victimes. Beaucoup font le choix de ne pas y aller car la manière dont le rapport a été reçu et les paroles qui ont été prononcées après coup par certains évêques les rendent très dubitatives. Elles n’ont pas entendu ce qu’elles auraient aimé entendre, quelque chose comme : « Oui nous faisons nôtres ces préconisations et nous allons les mettre en œuvre. »

Nous allons donc nous trouver en très petit nombre, et je me demande s’ils ont conscience de ce que cela représente pour les victimes de se retrouver face à 120 évêques, dans un rapport de nombre qui ne peut qu’écraser la parole.

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«Dieu seul le sait» N°31 : Rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église : un deuxième incendie de Notre-Dame-de-Paris ?

Religions, laïcité, spiritualité, par Jean-Marie Guénois.

Chère lectrice, cher lecteur,

Quel ouragan mes amis ! Je suis très heureux de vous retrouver pour partager quelques remarques sur l’incroyable mois que vient de traverser l’Église catholique avec la publication le 5 octobre du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église. En trois décennies et plus d’expérience sur ces sujets, je n’ai jamais vu un tel choc, aussi violent et durable.

J’ai attendu avant de vous écrire car la tâche ne manquait pas et je tenais surtout à prendre un peu de recul. Nous reviendrons sur ce sujet car il marque quelque chose d’historique pour l’Église. Tout en saluant le travail remarquable de ce rapport reçu par beaucoup comme une lettre d’Évangile, je suis également critique sur certains points comme vous allez le lire.

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« Il y a bien une corrélation entre homosexualité et pédophilie dans l’Église »

Le rapport Sauvé montre que dans l’Église, la majorité des victimes d’abus sont des garçons. Pour Guillaume Cuchet, il y aurait une corrélation entre la prévalence du recrutement homosexuel dans le clergé, et la surreprésentation des rapports de même sexe parmi les abus recensés. Ce qui ne veut pas dire, évidemment, un lien de causalité directe.

Le rapport Sauvé a bien montré trois choses : la massivité du phénomène des abus sexuels sur mineurs dans la société, sa prévalence dans l’Église et le fait que, dans cette dernière, 80 % des victimes sont des garçons, souvent âgés de 10 à 13 ans, alors que c’est l’inverse dans le reste de la société (70 % de filles, plutôt de 15 à 17). Or, autant on a commenté abondamment les deux premiers faits, autant le troisième est resté jusqu’à présent dans l’ombre. Ce qui ressort pourtant bien du rapport, c’est la prévalence dans l’Église, parmi les abuseurs, d’une forme d’homosexualité pédophile et éphébophile, qu’on appelait jadis « pédérastie ». Elle était déjà bien repérée, dans les années 1950-1960, par les psychiatres ou les spécialistes du problème dans l’Église. Le rapport vient confirmer le phénomène, mais on a l’impression qu’il hésite un peu à le penser.

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Marie-Jo Thiel, médecin et professeure d’éthique, pointe l’usage excessif du secret dans l’Église

Marie-Jo Thiel, médecin et professeure d’éthique à la faculté de théologie de l’université de Strasbourg pointe l’usage excessif du secret dans l’Église, et notamment autour des textes importants du Vatican. Une culture qui contribue encore à l’autoritarisme, au cléricalisme, et au patriarcalisme.

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Peut-on établir une relation de cause à effet entre le célibat des prêtres et les abus sexuels ?

Jean-Marc Sauvé, le rapporteur de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE), affirme que non. Est-ce exact ?

La publication du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE), le 5 octobre dernier, estimant à 216.000 le nombre de victimes de violences sexuelles de la part d’un prêtre ou d’un religieux entre 1950 et 2020, a créé une onde de choc dans l’institution. Au point que plusieurs voix se sont élevées pour questionner le supposé lien de cause à effet entre l’obligation de célibat des prêtres et les atteintes sexuelles dans l’Église, voire, pour remettre en cause cette obligation de célibat.

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Des paroles aux actes, le chemin est encore long

« Quand le premier je sonne l’alerte, ‘le prêtre m’a blessé intimement’, personne ne me croit », regrette Augustin, dans son témoignage.

En 2000, l’Église de France déclarait déjà la “tolérance zéro” pour les abus… Pourtant ma propre histoire ne commence qu’en 2007 dans le diocèse de Perpignan. Ce n’est pas une histoire ancienne, un horrible souvenir refoulé.